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18 mai 2018

Le Contraire de la mort - Scènes de la vie Napolitaine - de Roberto Saviano


Le Contraire de la mort - Scènes de la vie Napolitaine - de Roberto Saviano


Parution le 15 février 2018
Editions Robert Laffont
128 pages

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Ce livre réunit deux récits situés dans le sud de l'Italie, deux textes qui se dressent contre la violence des hommes en général et celle de la Mafia en particulier. " Le contraire de la mort " raconte le deuil de Maria, une jeune fille de dix-sept ans qui a vu son amoureux Gaetano partir pour l'Afghanistan, d'où il n'est pas revenu. " La bague " fait le portrait de deux jeunes hommes, Giuseppe et Vincenzo, qui, parce qu'ils ont choisi d'exercer un vrai métier et refusé de faire le jeu de la Camorra, vivent dans la misère. Dans ces nouvelles, Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, ouvrage qui lui a valu un succès international et une condamnation à mort par la Mafia napolitaine, interroge la mémoire et le temps, l'amour et la mort à travers le sort funeste de deux amoureux, de deux amis. " Pour les Napolitains, la vie n'est pas le contraire de la mort car elle peut être pire que celle-ci. Le vrai contraire de la mort, c'est donc l'amour. C'est l'ultime forme de résistance sur ma terre où il est quasiment impossible de rencontrer le bonheur. " Roberto Saviano


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Ce que j'en pense


Roberto Saviano. Un nom à consonance italienne qui laisse entendre un accent chantant quand il est prononcé à haute voix. Mais dans certaines contrées italienne, il vaut mieux chuchoter ce nom ou ne pas l'énoncer sous peine de représailles.

Auteur de nombreux articles et du livre Gomorra qui a fait beaucoup de bruit, Roberto Saviano est connu pour avoir dévoilé aux grands jours les dessous de la mafia italienne ce qui lui a valu des menaces de morts et des représailles avec la justice.

J'ai profité de l'immersion dans le milieu de la mafia italienne dans lequel m'a plongé la série Suburra pour sortir de ma bibliothèque, un recueil de nouvelles qui si il est petit par son épaisseur, nous ouvre grand les portes d'une culture, d'un mode de vie, de la réalité d'une certaine partie de l'Italie.

Le contraire de la mort est un recueil de deux nouvelles, deux tranches de vie en apparence opposées mais définitivement reliées par une lutte sans merci contre le poids des obligations et la mort.

Retour de Kaboul est par son titre déjà percutant. Ces trois mots laissent dans leur sillage une traînée de poussière, de douleur et de sang.
Maria est une toute jeune femme qui malgré elle est contrainte de porter le lourd masque du deuil.
C'est à un narrateur inconnu mais qui est une oreille attentive et curieuse que Maria raconte son histoire. La sienne et celle d'Enzo, son défunt fiancé.
Dans la petite ville italienne dans laquelle elle vit, les traditions sont ancrées. Les vétérans sont légions dans son entourage proche ou lointain. Enrôlés pour des raisons différentes, ils sont tous unis par leurs souvenirs. Ceux qui ne sont pas revenus du front comme Enzo laissent à leurs proches des souvenirs mais aussi une unique question : Pourquoi ?

En quelques pages, Maria laissent ses mots dérouler son histoire, sur sa vie de jeune « veuve » mais aussi d'Italienne. Le narrateur comble les blancs en faisant intervenir ses connaissances et laisser s'exprimer l'environnement dans lequel évolue cette nouvelle.

Le point final de cette nouvelle laisse la place à une histoire bien différente mais tout aussi saisissante. Celle de Giuseppe et Vincenzo.
Deux noms posés sur le papier mais qui marqueront l'esprit des non initiés. Ceux comme moi, qui ne savent pas qu'à l'heure où j'écris ces mots, dans le Sud de l'Italie certains se battent contre l'emprise de la Camorra, la mafia. La liberté n'est qu'une illusion dans cette partie de l'Italie. Deux solutions sont offertes : jouer le jeu imposé par la mafia de près ou de loin, peu importe, l'important est de l'intégrer. Ou la mort.
En choisissant l'émancipation, en voulant exercer un métier Giuseppe et Vincenzo ont été les victimes de leur soif de liberté.

Là encore, le narrateur a une place importante. Comme dans un vidéo-reportage, il pose un regard lointain et une voix calme sur ce qui se déroule sous ses yeux et dans ses pensées. Il assiste à l’exécution des deux émancipés, aux regards détournés des témoins et à l'emprise toujours plus forte de la Camorra.

Le contraire de la mort est un recueil qui recèle beaucoup de vérités cachées à ceux qui ne s'y intéressent pas. Tel un coup de poing, les mots de Roberto Saviano m'ont percuté.

Je remercie Filipa et les éditions Robert Laffont pour leur confiance.


Extrait du livre et notation
"Je n’ai jamais eu honte de l’endroit où j’ai grandi, mais parfois, à l’adolescence, on veut pouvoir choisir les lieux, les espaces, les moments à savourer et ceux qu’on refuse de vivre."

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